Bertrand Burgalat

Son père, Loudon Wainwright et sa mère, Kate Mc Garrigle, sont déjà des chanteurs de folk fort connus lorsque Rufus voit le jour. Six ans plus tard, on le retrouve derrière un piano, puis en tournée avec sa mère dès l'âge de treize ans, puis sur la route aux côtés de Sean Lennon (un autre fils de) pour défendre un premier album immédiatement repéré par le magazine Rolling Stone comme l'un des disques de l'année. La suite est moins rose : tournée épuisante, descente aux enfers, il suit les conseils d'Elton John pour sortir de la drogue grâce à une cure qui lui permet de renouer avec le fil de sa magnifique inspiration. Want one et Want two, deux albums rassemblés fin 2004 dans un double tout simplement intitulé Want permettent à Rufus Wainwright d'accrocher un public allant bien au-delà du milieu gay new-yorkais, dont il est une icône. Il faudrait être totalement sourd pour ne pas être impressionné par les qualités de pianiste, la voix aérienne et les talents de mélodistes de cette gueule d'ange qui n'est pas sans rappeler le regretté Jeff Buckley. Le cinéma ne s'y est d'ailleurs pas trompé en lui confiant, outre l'interprétation de quelques B.O. un petit rôle dans Aviator. Mais la passion première de Rufus reste la musique, comme en témoigne son tout dernier album, Release the stars, le cinquième en dix ans, enregistré à Berlin. Un album où, en réalité, Rufus Wainwright réussit l'exploit de trouver l'intimité qu'il cherchait tout en créant une oeuvre extrêmement ambitieuse musicalement. De quoi nous valoir un concert assez magique pour l'un de ses très rares passages en France.